La cigale et la fourmilière

La fourmilière s'activait nuit et jour

Vouant au Bien commun

Le plus grand des amours,

N'est-ce pas en se tenant la main

Que l'on accomplit de belles choses

Que l'on passe du médiocre au grandiose ?

La cigale ne se parait pas de vertu,

Au Nous elle préférait le Je et le Tu.

L'énergie qu'elle déployait dans chaque tâche

Ne servait que son envie et ses intérêts

Mais si elle agissait sans apprêt

Elle n'était pas dénuée de panache.

A l'heure des comptes venue

Qui se trouva le plus dépourvu ?

Quand la cigale échappant à la famine

Nourrissait voisins et voisines,

De leur labeur commun, les fourmis

Ne récoltèrent que pénurie.

La cigale n’est pas altruiste

C’est là son plus beau défaut

Que faisiez-vous interrogea l’individualiste

Pour manquer de ce qu’il faut ?

Nous coopérions, ne vous déplaise

Pour le bien du tout-venant.

Vous coopériez ? J’en suis fort aise,

Votre infortune, partagez maintenant !

LA CIGALE ET LA FOURMI

La Cigale ayant chanté

Tout l'été,

Se trouva fort dépourvue

Quand la bise fut venue.

Pas un seul petit morceau

de mouche ou de vermisseau

Elle alla crier famine

Chez la fourmi sa voisine,

La priant de lui prêter

Quelque grain pour subsister

Jusqu'à la saison nouvelle.

Je vous paierai, lui dit-elle,

Avant l'août, foi d'animal,

Intérêt et principal.

La Fourmi n'est pas prêteuse ;

C'est là son moindre défaut.

Que faisiez-vous au temps chaud ?

Dit-elle à cette emprunteuse.

Nuit et jour à tout venant

Je chantais, ne vous déplaise.

Vous chantiez ? j'en suis fort aise :

Et bien ! dansez maintenant.

 

Jean de La Fontaine

La main invisble (Adam Smith)

"Par conséquent puisque chaque individu tâche, le plus qu'il peut, premièrement d'employer son capital à faire valoir l'industrie nationale, et deuxièmement de diriger cette industrie de manière à lui faire produire la plus grande valeur possible, chaque individu travaille nécessairement à rendre aussi grand que possible le revenu annuel de la société. A la vérité, son intention, en général, n'est pas en cela de servir l'intérêt public, et il ne sait même pas jusqu'à quel point il peut être utile à la société. En préférant le succès de l'industrie nationale à celui de l'industrie étrangère, il ne pense qu'à se donner personnellement une plus grande sûreté ; et en dirigeant cette industrie de manière à ce que son produit ait le plus de valeur possible, il ne pense qu'à son propre gain ; en cela, comme dans beaucoup d'autres cas, il est conduit par une main invisible à remplir une fin qui n'entre nullement dans ses intentions ; et ce n'est pas toujours ce qu'il y a de plus mal pour la société, que cette fin n'entre pour rien dans ses intentions. Tout en ne cherchant que son intérêt personnel, il travaille souvent d'une manière bien plus efficace pour l'intérêt de la société, que s'il avait réellement pour but d'y travailler."

Adam Smith, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations

Source : http://www.leconomiste.eu/decryptage-economie/218-la-main-invisible-d-adam-smith.html