Séance 2 Première générale

Chapitre 6 Contrôle social et déviance

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I Le contrôle social limite mais n’empêche pas la déviance

A) Définition et formes du contrôle social

                        1°) Contrôle social et conformité

Définition : le contrôle social est l’ensemble des moyens dont dispose un groupe pour faire en sorte que les membres qui le composent, se conforment effectivement à ses normes.

Doc 1 Rappel - On peut distinguer :

  • Les normes juridiques, c’est-à-dire les lois et les règlements (notamment le code pénal et le code civil) dont le non respect est sanctionné par les institutions chargées de veiller à leur respect (police et justice).
  • Les normes sociales c’est-à-dire les mœurs et usages ne sont pas des règles écrites mais elles ont une valeur coutumière : règles qui fixent le comportement de l’individu dans tous les aspects de sa vie quotidienne, qui fixent les conduites « allant de soi » (règles de politesse).

Manger avec des couverts = norme sociale. Respecter la limitation de vitesse = norme juridique. Respecter la propriété privée = norme sociale et jurdique

Doc 2 On peut distinguer trois grandes raisons pour lesquelles les individus ont un comportement conforme, autrement dit respectueux des normes (distinction mise en évidence en 1958 par C. Kelman, psychosociologue américain contemporain) :

  • la complaisance : l’individu sans être en accord avec le groupe se soumet à ses règles pour éviter les sanctions qu’il pourrait subir en cas de non conformité. La sanction a dans ce cas un effet de dissuasion.
  • l’identification : l’individu a un comportement conforme car il souhaite s’intégrer au groupe.
  • l’intériorisation : l’individu a intériorisé la norme. Il ne lui vient pas à l’esprit de la remettre en cause et un comportement non conforme lui apparaît comme choquant. Dans ce cas le processus de socialisation a parfaitement joué son rôle.

Doc 3 Dans les trois cas, c’est le groupe qui exerce une pression à se conformer, à agir et à penser comme la majorité. L’expérience de S.E. Asch (1951) montre que beaucoup d’individus se conforment à l’opinion de la majorité même si cette dernière exprime une idée contraire à la réalité.

 

                            2°) Les formes de contrôle social

Les sanctions peuvent être des sanctions négatives : on punit les individus qui transgressent les règles. Mais il existe aussi des sanctions positives : on encourage les comportements conformes en les récompensant.

Les élèves sont soumis à des sanctions négatives (mauvaise note, heures de colle, exclusion) et à des sanctions positives (encouragement verbal, bonnes notes, appréciations positives écrites ou orales des enseignants).

On peut distinguer aussi

  • Un contrôle social formel : les sanctions sont mises en œuvre par des institutions spécialisées (police, justice, administration scolaire, conseil de discipline...) ; ces sanctions formelles répondent au non respect de normes juridiques. 
  • Le contrôle social informel correspond lui aux réactions directes (sans l’intermédiaire d’institutions) des individus contre ceux qui transgressent les normes sociales ; il correspond aux sanctions diffuses (qui n’apparaissent pas nettement comme telles) qui conduisent à une certaine mise à l’écart, une exclusion plus ou moins prononcée : réprimandes, médisances, moquerie…

 

Agents

Sanctions

Exemples

 

 

 

 

Contrôle social formel

 

 

Eglise, armée, police justice, ordres professionnels, entreprises…

 

Sanctions négatives

 

 

Sanctions positives

 

Amendes, peines de prison, révocation, licenciement pour faute, excommunication…

 

Médailles (légion d’honneur, médaille du travail, promotion, prime…

 

 

 

Contrôle social informel

 

 

Amis, parents, groupe de pairs, voisinage

 

Sanctions négatives

 

 

Sanctions positives

 

Rire (moquerie), réprimande, punitions, mise à l’écart…

 

 

Sourires, récompenses…

 

 

Document 16  Complétez le tableau du document

Document 17 Relevez les différents exemples de contrôle social et précisez s’il s’agit d’un contrôle social formel ou d’un contrôle social informel.

 

          3°) Le contrôle social dans les sociétés modernes

Doc 4  Dans les sociétés traditionnelles, le contrôle social est essentiellement informel. Chacun vit et agit sous le regard des autres, sous le contrôle du groupe. L’Etat n’est pas nécessaire pour sanctionner les individus.

Avec le processus d’individualisation qui caractérise les sociétés modernes, la pression exercée sur chaque individu par les autres est moins forte et donc le contrôle social informel est moins important ; ceci est particulièrement vrai dans les grandes agglomérations. Avec les sociétés modernes, le contrôle social formel devient alors nécessaire et se développe à travers l’Etat.

Faut-il en conclure que les pressions exercées sur l’individu par la société sont moins fortes et que donc l’individu est plus libre ?

  • Avec le développement des médias, les individus sont sans cesse soumis à des techniques de persuasion qui pour certains sont de fait des outils de conditionnement : la publicité, les sondages et le marketing peuvent alors être considérés comme les nouvelles armes du contrôle social en raison de la forte influence qu’ils exercent sur les individus.
  • On peut aussi remarquer que le développement de l’informatique  et de la vidéo conduit  à multiplier les possibilités de surveillance dans la vie quotidienne comme au travail. L’utilisation des images et des fichiers peut aller à l’encontre des libertés individuelles (attention à ce que l’on met sur Facebook ; voir l’exemple aussi de la géolocalisation avec le téléphone mobile. En France, le rôle de la CNIL (commission nationale de l’informatique et des libertés) créée par la loi du 6 janvier 1978 est de dénoncer et de limiter les abus.
  • Avec les réseaux sociaux sur Internet, on peut aussi se demander si la pression directe du groupe n’est pas plus grande : on accepte de se soumettre au regard et à l’avis des autres internautes. N’assiste-t-on pas à un retour en force du contrôle social informel ?

 

B)  Définition et formes de déviance

              1°) Déviance et délinquance

Doc 10 La déviance désigne les comportements (individuels ou collectifs) qui s’écartent de la norme et qui peuvent donner lieu à une sanction. Mais cette définition simple ne doit pas cacher que la déviance est un concept large qui regroupe des comportements très différents. M. Cusson (« La déviance », Traité de sociologie, PUF, 1992.) distingue sept catégories d’actes déviants : les crimes et les délits, le suicide, l’abus de drogue, les transgressions sexuelles, la sorcellerie et autres déviances religieuses, les maladies mentales, les handicaps physiques.

Doc 5 La déviance ne se limite pas à la délinquance. La délinquance se définit comme la transgression des normes juridiques, elle regroupe donc les comportements qui sont sanctionnés par le droit pénal, elle constitue une forme particulière de déviance, elle est un sous-ensemble de la déviance.  Doc 6 Selon leur gravité, on distingue trois types d'infractions : contraventions, délits et crimes.

Il existe d’autres formes de déviance que la délinquance : le suicide, les incivilités, le non respect des usages.

                            2°) La mesure de la délinquance

Doc 8 Les chiffres officiels de la criminalité correspondent aux actes délinquants enregistrés par les services de police, de gendarmerie et de justice.

Doc 7 Mais ces chiffres sont incomplets car certaines victimes ne portent pas plainte pas peur de représailles ou parce qu’elle pense que la police ne pourra pas ou ne voudra pas  résoudre son affaire. Les vols sont plus déclarés que les agressions : les actes les plus déclarés sont d’abord ceux pour lesquels un dépôt de plainte permettra à l’individu d’être indemnisé par son assurance.

Il existe donc un chiffre noir de la délinquance qui correspond à la différence entre la délinquance réelle et la délinquance connue grâce aux statistiques judiciaires.

Doc 9 Pour répondre à ce problème, on utilise des enquêtes de victimation : on demande aux enquêtés de déclarer s’ils ont été victimes d’actes de délinquance dans l’année et de combien d’actes ils ont été victimes.

Doc 11 Mais Ces enquêtes ont-elles mêmes des limites :

  • elles ne mesurent forcément qu’une partie de la délinquance : la victime d’un homicide ne peut pas témoigner ; parfois il n’y a pas de victime directe (fraude fiscale) ; la victime ne souhaite pas toujours témoigner.
  • elles risquent de confondre actes subis et sentiment d’insécurité.

 

Il n’existe pas de « vrais » chiffres de la délinquance et il est difficile de mesurer l’évolution de la délinquance car

  • Chaque indicateur a ses limites.
  • Le niveau de délinquance mesuré dépend de l’évolution des normes. Si la loi évolue certains comportements ne sont plus considérés comme des délits et d’autres le deviennent.
  • Le niveau de délinquance mesuré dépend aussi de l’attitude des acteurs du contrôle social (police, justice) vis-à-vis des actes délinquants.
  • Doc 18 Si certains comportements des jeunes sont davantage stigmatisés et/ou si l’on demande aux policiers d’accentuer les poursuites pénales, on fera alors apparaître une hausse de la délinquance juvénile.
  • Doc 12 La délinquance en col blanc (blanchiment d’argent, escroqueries, fraude fiscale, détournement de fonds) ne fait pas l’objet du même traitement.