Séances 4 et 5 Première générale

Suite et fin du chapitre 6 Contrôle social et déviance (semaines du 6 et du 13 avril)

Documents

Documents 13 à 15Documents 13 à 15   Documents 19 à 22Documents 19 à 22   Documents 23 à 26Documents 23 à 26   Documents 27 à 29Documents 27 à 29   Reprenez le cours dans votre cahier tout en lisant les documents !  Étalez ce travail sur plusieurs jours ! 

Le cours

II Les explications de la déviance

A) Pourquoi certains individus transgressent-ils les normes ?

1°) La désorganisation sociale

Doc 13 Les individus transgressent les règles lorsqu’ils sont dans un environnement social où les règles ne sont pas clairement posées et correctement acquises, c’est-à-dire dans un contexte d’affaiblissement du lien social. E. Durkheim parle d’une situation d’anomie.

Cette explication souligne donc la défaillance des agents de socialisation (la famille, l’école) et le déclin de l’autorité pour certains jeunes qui sont à un âge plus propice à la déviance car ils sont dans une période d’affirmation de soi et d’attirance pour les pratiques à risques (alcool, drogue, courses de voitures…).

2°) La sous-culture délinquante 

Doc 14 Pour certains sociologues, le phénomène des bandes montre que le délinquant n’est pas un individu sans culture ; les jeunes délinquants disposent d’un système de valeurs, mais ce n’est pas celui qui est admis par l’ensemble de la société.

Le groupe délinquant dispose alors de son propre code (règles) et de certains formes de solidarité.

3°) La déviance peut résulter d’une situation d’anomie au sens de Merton

Doc 15 C’est-à-dire une inadéquation entre les buts et les moyens légitimes pour les atteindre qu’une société donne à ses membres.

  • Toute société définit les buts qu’elle fixe à ses membres et les moyens autorisés pour les atteindre. La déviance se développe lorsque dans une société, on valorise beaucoup le but et on insiste moins sur les moyens : voir l’exemple du dopage dans le sport.
  • Notre société accorde une place essentielle à l’idée de réussite mesurée par la richesse et le pouvoir. Si l’individu considère cette réussite comme une valeur essentielle mais qu’il ne peut pas atteindre cet objectif par des moyens légaux, pour éviter la frustration qui en résulte, il peut chercher d’autres moyens même s’ils sont illégaux  (comportement d’innovation). Pour Merton la déviance est donc caractéristique des sociétés qui cumulent principe d’égalité et inégalités de fait : théoriquement tout le monde peut réussir mais dans les faits tous ne peuvent pas y parvenir en raison des inégalités donc le sentiment de frustration conduit certains individus à la déviance soit en rejetant les valeurs et/ou les normes (ritualisme, rébellion) soit à utiliser des moyens nouveaux pour réussir (innovation).

 

B) La construction  sociale de la déviance

                        1°) Quels sont les actes considérés comme déviants ? (Une diversité de réponses dans le temps et dans l’espace)

Un acte dit déviant ne l’est pas en soi : il est qualifié de déviant par le sociologue car cet acte est jugé comme choquant, comme non conforme par la société. Pour Durkheim, il ne faut pas dire : « cet acte est condamnable car c’est un crime » mais faut dire : « nous condamnons cet acte donc il peut être qualifié de crime ».

Un même acte peut être qualifié ou non de déviant en fonction de l’époque, du milieu social, du pays.

Doc 19 Aujourd’hui, le fait qu’une femme enceinte boive de l’alcool n’est plus toléré.

Doc 22 Complétez le tableau

Doc 23 Ajouter une date à la chronologie : quelle est la date de l’instauration du mariage pour tous ?

Documents 20 et 21 La consommation d’alcool fait partie de notre culture, il n’est pas donc pas toujours évident de limiter la consommation d’alcool et de modifier les représentations pour que l’abus d’alcool soit considéré comme un comportement qui pose problème, comme un comportement déviant.

2°) Etiquetage et stigmatisation

Si un même acte peut être qualifié ou non de déviant en fonction de l’époque, de la société,  il faut donc aussi comprendre le processus qui conduit le groupe ou la société à reconnaître et à qualifier tel ou tel comportement comme déviant.

Analyser de quelle manière la société perçoit la déviance est l’objectif des théories de la désignation. Elles développent une autre conception de la déviance.

Documents 24, 25 et 26

  • Traditionnellement on considère qu’il existe des normes et que certains individus ne les respectent pas, donc ils sont déviants. Des sociologues américains (Howard Becker, Erving Goffman) ont développé une autre conception de la déviance : lorsqu’une nouvelle norme apparaît, des comportements qui étaient jusque là admis deviennent des comportements déviants, c’est donc la norme qui produit la déviance. Pour ces sociologues, la déviance n’est pas en soi le fait de transgresser des normes mais c’est le fait d’être qualifié, d’être étiqueté comme déviant par autrui : le déviant est celui auquel on a appliqué cette étiquette.
  • Et une nouvelle norme apparaît sous l’action des entrepreneurs de morale, c’est-à-dire des groupes sociaux, des institutions qui agissent pour imposer leur point de vue, leur principe moral à l’ensemble de la société. Il n’y a donc pas consensus sur les normes à créer. Des groupes sociaux s’opposent et ceux qui ont le plus de pouvoir parviennent à imposer leurs normes.
  • L’exemple du tabac : la loi Evin (de lutte contre le tabagisme et l’alcoolisme, 1991) est née en raison de l’action menée par les entrepreneurs de morale : les associations anti-tabac, les caisses d’assurance maladie (La Sécurité sociale qui supporte le coût des maladies liées au tabac). Le fait de fumer est de moins toléré, ce qui provoque chez certains fumeurs une certaine mauvaise conscience.
  • Voir aussi l’exemple des punitions corporelles pour les enfants. Elles sont de moins tolérées et elles sont de plus en plus condamnées juridiquement.

 

Documents 28 et 29 A partir des théories de la désignation, on peut souligner l’ambiguïté du rôle de la prison. L’individu qui aura fait de la prison pour avoir commis un acte déviant, va ensuite être étiqueté par comme déviant et comme la société lui renvoie cette image, l’individu va effectivement jouer le rôle de déviant : il va devenir  un « professionnel » (déviance secondaire), il va entrer dans une carrière déviante. La prison conduit à une stigmatisation.

 

Conclusion : La déviance est liée à  des processus multiples et cumulatifs

Les analyses de la déviance sont complémentaires. Pour expliquer la situation des jeunes délinquants des banlieues, il faut montrer comment plusieurs processus se renforcent mutuellement : exclusion sociale, étiquetage, stigmatisation, contre-société, carrière délinquante

  • La fragilité de la cellule familiale, l’échec scolaire et le chômage sont à l’origine d’une situation d’anomie au sens de Durkheim.
  • La délinquance est en partie le fruit du sentiment de frustration de ne pas pouvoir réussir, elle est en partie la conséquence d’une situation d’anomie au sens de Merton.
  • Mais la délinquance constitue aussi un des éléments d’une véritable sous-culture. La délinquance est donc aussi le fruit d’un véritable processus de socialisation à l’intérieur du groupe délinquant.
  • Cette délinquance se renforce sous l’effet du processus de stigmatisation. Doc 27 La société ne leur renvoie qu’une image négative d’eux-mêmes et de leur quartier : les jeunes sont désignés par le nom de la cité où ils résident et le fait d’habiter dans cette cité est déjà un obstacle pour accéder à l’emploi. Stigmatisé, le déviant est exclu de la société et soit il rejette la société et se repli davantage dans son groupe délinquant, soit il tente de réhabiliter son identité pour réintégrer la société : les rappeurs et les taggueurs ont été et sont encore tiraillés entre ces deux logiques.